… ou Roi plutôt pour ceux qui n’ont jamais fait de marketing mais son royaume se réduit de plus en plus à peau de chagrin.
Triste constat que celui du vacancier itinérant entre Bretagne / région Lyonnaise / Espagne plus connues sous leurs noms respectifs de Côte d’Émeraude, Côte du Rhône et Costa Del Sol.
Mettons de côté le syndrome du métropolitain RATP où l’usager pour 95% des cas est né hors de Paris, oublie toute son éducation et son enfance pour mieux ignorer son compatriote de galère souterraine et; poussé par la peur qu’affectionne TF1 en période électorale, ne se risque pas à un sourire pour ne passer passer, au choix : Pour un demeuré, un détraqué sexuel, ou un être perdu en mal d’amis. (Go go go Facebook !)
Attardons-nous sur le serveur ou la serveuse – en tout bien tout honneur – parisienne qui très voire top souvent peut être qualifié de mal baisé / luné / payé / considéré. (Rayez la mention inutile).
Les années passant ce triste personnage – digne d’une Commedia Dell’Arte moderne ou d’un Avare de Molière qui aurait perdu sa cassette de courtoisie – devient si familier que son dédain glisse sur le ton désormais acerbe et hautain de votre propre commande.
Digression.
« Gression »
Si les voyages forment la jeunesse, ils réforment aussi cette tristesse sourde du parisien en vadrouille.
J’en veux pour preuve un récent voyage en terres bigoudennes entre deux kouign-amann suintant de beurre frais et deux bières locales qui démonteraient le bignou de n’importe quel musicien de bagad. Pour nos amis RG ou affiliés stalkers l’action se passe dans la petite ville de Cancale célèbre pour ses huîtres éponymes; lorsqu’une envie subite et inexpliquée de fruits de mers s’empare de nos héros : Un groupe de quatre joyeux drilles bi-classé couple / beaux-parents dont j’ai l’insigne honneur de faire partie.
Note de l’auteur : Cet article n’étant pas sponsorisé car bien trop elliptique, rappelez-moi de réclamer mon dû par la suite au restaurant Chez Victor, lieu du drame.
Donc pimpants et ragaillardis par l’air marin nos quatre héros s’installent en terrasse à cette table sous l’oeil protecteur et professionnel du maître de cérémonie que l’on nommera logiquement MC Chef de Salle.
Une fois nos postérieurs dans une position adéquate frisant la perpendiculaire au sol, le bougre envoie à notre table un de ses laquais 1m90 au garrot et roux de son état (double tare) que nous nommerons pour la suite du texte et pour plus de simplicité Le-grand-roux-avec-un-pantalon-noir. (G.R.A.N)
Là c’est le drame, tout s’enchaîne comme on dit à la télévision.
Tel un maître du combo street-fighterien en une fraction de seconde G.R.A.N nous inflige un « montrage-de-dents-sourire-souhaitage-de-bienvenue-blague-sourire ».
La violence est telle que j’en tombe presque de ma chaise, ne devant mon salut qu’à un large postérieur, merci le sucre. Les beaux-parents ex-parisiens depuis si longtemps qu’ils ont encore des ticket de métro jaunes semblent insensibles à cet élan de chaleur humaine intolérable, un peu comme s’ils avaient l’habitude.
Je bredouille tétanisé un « Hmmm-plateau-fruit-hmmmmm-mer-hmmm-vin-hmm-blanc ». Le diable roux profite de ma faiblesse évidente pour me conseiller sur le vin, quelle effronterie ! A Panam’ il serait radié de l’ordre des serveurs ronchons pour une telle outrecuidance frôlant le laxisme et la faute grave.
Hagard, perdu, je lâche un assentiment anglicisant » Okay. »
Par pudeur et surtout parce qu’on ne parle pas la bouche pleine, je passe sur le reste du repas et les saillies rouquines du G.R.A.N et de ses collègues qui rivalisent de sourires et de plaisanteries. Consterné je me venge sur un homard sans défense rencontré vivant quelques minutes auparavant et qui malgré son surnom affectif d' »Arthur » gît désormais ébouillanté devant nous. Je noie le tout dans du vin blanc sec qui ferait passer la Sainte Vierge en culotte de velours.
Quelques agapes plus loin, le moment de la douloureuse arrive enfin comme une délivrance devant cette débauche de serviabilité honnie. Pour faire fuir la Bête, je tente le tout pour le tout et au moment de casser mon petit cochon rose, lui laisse quelques piécettes espérant secrètement que son butin acquis il me gratifierait enfin d’un regard hautain ou d’une phrase fielleuse.
Mais c’est bien mal le connaître, le fourbe, son humanité hors du commun m’assène le coup de grâce : Il décide de serrer la main à toute la tablée en lâchant avec des smileys dans la voix et sur le visage un « Merci à vous pour le sourire et bonne journée ! « .
PAN !
Je suis totalement défait. Une sorte de Waterloo personnel avec un mélange de bataille de Fontenoy où ce seraient les Anglais qui nous auraient donné du « Messieurs les Français tirez les premiers ».
Pour rester digne dans cet outrage aux règles de bienséance mercantile parisienne, je tente un rictus qui tend avec les années à ressembler à une amorce de sourire.
Je suis … heureux.
C’est ce que l’on appelle une ‘description en creux du syndrome de Paris’ non ?
@Frenchie : J’ai tut d’abord pensé à une fourberie puis après vérification je peux te répondre par l’affirmative. Merci pour ce moment culture 😉