Le héros qui n’est pas un hérault

By Lion

J’aurai voulu faire un sous-titre à cet article façon « Autisme et Hype » ou pire un vieux jeu de mots moisi façon « Autisme Reading » ou pire « Autisme raide digne » mais à l’instar du gamin dans Le 6ème Sens j’ai vu rôder autour de moi le spectre d’Arthur et me suis abstenu. Ouf hein ?

Mais attaquons le vif du sujet – scalpel infirmière ! – tout est venu d’une fulgurance – si si parfois quand j’ai avalé trop de sucre ça m’arrive – devant un morceau d’épisode de la série Bones glané entre deux bouchées d’oeufs sur le plat (oui c’est un peu ça le standing culinaire de haut niveau chez les Lions). Donc en voyant l’héroïne s’exclamer avec une certaine froideur qu’elle avait des soucis mi-métaphysiques mi-molette à exprimer ses sentiments, je me suis vu crier intérieurement un « Eurêka Twingo Bingo Loto Jeannie Longo ! Mais c’est élémentaire mon cher Watson » : Les nouveaux héros sont tous des autistes.

Enfin quand je dis « autiste » ce n’est pas strictu sensu médical mais plutôt au sens commun que l’Homme de le Rue – cousin de l’Homme de la Mancha –  peut lui donner : Une personne plus ou moins renfermée qui n’arrive pas à communiquer sur des choses simples de la vie mais qui est un génie dans son domaine et qui comme Rainman à des T.O.C et une vie sentimentale proche du néant. Vous ne me croyez pas ? Vous pensez que c’est une généralisation foireuse ?

Démonstration.

House
Héros : Grégory House PhD.
Partenaire sociabilisant : Wilson le gentil cancérologue qui fait le lien entre la vie normale et la vie anormale du héros
Résumé : Le Docteur House est un être asocial que la douleur rend aigri tout en lui donnant un bon prétexte pour ne pas avouer qu’il ne sait pas se comporter normalement en société. Il ne sait pas dire bonjour / merci / je t’aime mais par contre pour faire un diagnostic médical de malade il est le plus fort.
T.O.C : C’est en fait une addiction aux pilules anti-douleurs et à la résolution d’énigmes médicales et son obsession c’est de ne plus avoir mal à la jambe.
Enfance : Maltraité par son père d’adoption militaire.
Situation sentimentale : Vieux célibataire car les filles de joie ça ne comptent pas.
Conclusion : Autiste.

Sherlock Holmes
Héros : Oui bon là vous voyez en plus c’est facile House étant clairement pompé sur l’oeuvre de Doyle.
Partenaire sociabilisant : Watson le gentil docteur qui fait le lien entre la vie normale et la vie anormale du héros (je me base sur l’excellent série anglaise en cours et sur la dernière version cinéma avec Robert Downey Jr. car mes mémoires de lectures de Conan Doyle sont trop lointaines). Petit bémol pour le côté « asocial » car à chaque fois Holmes apparaît comme un gentleman qui sait y faire en public mais qui oublie parfois les convenances trop absorbé à réfléchir.
Résumé : Holmes est un génie de logique, d’observation et de culture qui n’est intéressé que par la mise ne oeuvre de ses neurones pour résoudre des énigmes qui échappent au commun des mortels. En cela il est très proche de sa némésis Moriarty qui lui crée des énigmes juste pour démontrer sa toute puissance intellectuelle et pour s’amuser de Sherlock.
T.O.C : C’est en fait une addiction à l’alcool (cf.film) et bien évidemment à la résolution de crimes.
Situation sentimentale : Vieux garçon (le premier qui dit gay a gagné une barbe à papa).
Conclusion : Semi-autiste.

Bones
Héroïne : Temperance Brennan
Partenaire sociabilisant : Seeley Booth le beau gosse / grande gueule du F.B.I un peu bourrin qui n’est pas plus scientifique que je suis danseur étoile et qui en pince un peu pour le gros cerveau de la dame.
Résumé : « Bones » aka Brennan est un génie de l’anthropologie et de la science médico-légale qui résout des meurtres rien qu’en regardant un humérus ou une touffe de poil pubien séchée. Elle est très scientifique dans le sens NERD du terme et ne sait pas exprimer ses sentiments.
T.O.C : Ne connaissant pas assez la série je n’en vois pas mais elle est prête à tout pour résoudre un crime.
Enfance : « C’est une enfant de l’assistance publique : ses parents ont fui le domicile familial la veille de Noël lorsqu’elle avait 15 ans. Son frère Russ, qui avait 19 ans à l’époque, n’a pas pu (ou pas voulu) s’occuper de sa jeune sœur et a pris la fuite également. Elle s’est donc retrouvée orpheline et prise dans le système d’adoption, changeant souvent de foyer d’accueil. »
Situation sentimentale : Célibataire.
Conclusion : Autiste.

Big Bang Theory
Héros : Sheldon Cooper
Partenaire sociabilisant : Leonard Leakey Hofstadter le gentil geek colocataire qui fait le décodeur Sheldon >> Monde extérieur et inversement.
Résumé : Sheldon est un physicien de génie doté d’une culture scientifique et geek hors pair mais qui au delà de la théorie ne sait pas gérer la vie quotidienne, les schémas d’interaction sociaux standards, il n’a aucun sens de l’humour, aucun second degré, aucun sens du partage, aucune idée de l’Amour, bref sans Léonard et ses petits amis, il serait très certainement interné.
T.O.C : Frappe toujours 3 fois (Penny ! Penny ! Penny !), ne peut s’asseoir ailleurs que dans son fauteuil, à un programme routinier inébranlable (jeudi c’est sushi) et un phobique des microbres et j’en passe et des meilleurs c’est quasi le champion du T.O.C
Enfance : Père alcoolique texan bas du front, mère fervente évangélique à l’opposée de tout ce qui est scientifique mais qui reste un personnage de « bonne mère ».
Situation sentimentale : Puceau voire asexué.
Conclusion : Autiste

Monk
Héros : Adrian Monk
Partenaire sociabilisant : Sharona Flemming à la fois infirmière et assistante, entre eux il a une certaine tension sexuelle sous-jaçente.
Résumé : Lui aussi inspiré de Sherlock il lui emprunte comme Columbo son don inné de l’observation ce qui est très utile pour cet ancien flic devenu détective privé. Ses troubles obsessionnels compulsifs post traumatiques (mort violente de sa femme / enfance) l’empêche d’avoir des relations sociales normales.
T.O.C : C’est bien évidemment lui le grand vainqueur car c’est l’aspect fondateur de sa personnalité, ils sont très nombreux de la phobie des microbes qui le pousse à éviter tout contact physique, compter le nombre de carreaux sur un carrelage, fermer 6 fois la porte, faire 3 fois le tour de chaque poteau rencontré etc … Sinon il cumule avec une obsession qui est de retrouver le meurtrier de sa femme.
Enfance : Education très stricte, surtout de la part de sa mère, qui refuse tout contact physique avec ses enfants. Son père part très jeune ce qui ne fait qu’aggraver la situation.
Situation sentimentale : Veuf.
Conclusion : Autiste

The Mentalist
Héros : Patrick Jane
Partenaire sociabilisant : Teresa Lisbon sa boss qui dirige la cellule du California Bureau of Investigation, entre eux il a une certaine tension sexuelle évidente.
Résumé : Tout comme ces petits camarades très Holmesiens Jane cet ancien prestidigitateur a un don incroyable d’observation qu’il allie à un sens aigu de la manipulation et du décryptage des réactions humaines (comme dans Lie To Me) qu’il met au service de la justice. Sinon socialement c’est celui qui donne le mieux le change socialement avec son côté beau gosse (trop ?) même si son côté mi-abrupte mi-cabotin lui confère un côté atypique.
T.O.C : Pas un TOC mais une obsession qui est de retrouver le meurtrier de sa femme et de sa fille.
Enfance : Élevé par un père arnaqueur émotionnellement abusif qui lui a fait considérer les gens comme des pigeons potentiels.
Situation sentimentale : Veuf.
Conclusion : Semi-autiste

Dexter
Héros : Dexter Morgan
Partenaire sociabilisant : Hormis son père Harry décédé quand il avait 20 ans et son code de conduite qui lui confère une façade sociale c’est sa femme Rita et ses enfants qui vont le transformer en lui faisant découvrir les sentiments.
Résumé : Expert en médecine légale et dans l’analyse des traces de sang  le jour, Dexter est la nuit un tueur psychopathe qui tue selon un « code » des criminels que la justice traditionnelle n condamne pas par manque de preuves.
T.O.C : C’est un rituel de sacrifice des criminels que notre ami tueur sociopathe – mais « juste » – perfore allègrement  d’un coup de couteau après avoir récupérer une goutte de sang de leur joue pour sa collection personnelle.
Enfance : Fils d’une mère droguée qui se fera assassinée et dépecée sous ses yeux; il est receuilli par le premier flic qui arrive sur les lieux Harry Morgan.
Situation sentimentale : Veuf.
Conclusion : Semi-autiste

>> Tous s’inspirent de près ou de loin du personnage de Sherlock Holmes avec une mémoire éidétique.
>> Tous ont des parcours chaotique très souvent en rapport direct avec leur enfance.
>> Tous sont brillants dans leur domaine d’expertise mais socialement mauvais.
>> Tous sont à la recherche permanente du Saint Graal : la Pure Vérité car « tout le monde ment » ©House

Convaincu ?

Et je vous assure qu’il manque moult autres exemples. Le plus chagrinant dans tout ça étant de se rendre compte que les scénaristes de nos séries préférées ont trouvés un bon filon de personnage et qu’ils l’épuisent jusqu’à la moelle. Ainsi cet archétype de héros autiste se range à côté du héros implacable / intuable / 200% viril façon héros de film d’action (cf. films de Statham / Stallone / Van Damme / Clooney / Agence Tous Risques etc …) du héros malgré lui (façon Demain à la Une / Homme qui valait 3 Milliards / Smallville / Heroes tec …) et de l’anti-héros (Hurley de Lost / Misfits / IT Crowd etc ..). La seule chose rassurante c’est au fond de faire de personnes considérées comme « malades » car très représentatives du syndrôme d’Asperger des héros populaires.

Bon sur ce … j’arrête le sucre.

PS : Cet article qui ne ressemble pas à mes habitudes est à la relecture un hommage caché évident au travail du plus geek des psy, le sieur Yann Leroux.

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2 Comments Leave a comment

  1. C’est le deuxième article que je lis (je suis tombé ici par pur hasard) et je dois dire que les analyses sont plutôt hilarantes même si je connais pas très bien les séries en questions vu que la télé et moi sa fait pas mal.
    Et tout sa sans tenir compte du fait qu’on ne tire pas une généralité de un ou plusieurs cas (idéalement en tout cas).

    Par contre c’est vrai que c’est toujours le consommateur qu se fait avoir, mais il aime sa, je pense.

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